L'artiste Rémy PENARD a rendu visite aux élèves

Le jeudi 19 décembre, de 9h à 10h, le lycée Maryse Bastié a eu le plaisir et l'honneur de recevoir Rémy Pénard.

L'artiste répondait à l'invitation de Frédéric Selleret, professeur d'arts appliqués. Il rencontrait deux groupes d'élèves, les terminales et les premières industries graphiques. Ce rendez-vous très attendu se déroulait au CDI .

Rémy Pénard a d'abord retracé son parcours personnel depuis sa naissance aux Sables-d'Olonne en 1944, en montrant bien le cheminement et les rencontres successives qui l'ont amené progressivement à l'art postal.

Enfant de santé fragile, ne pouvant pas pratiquer d'activités sportives, il s'ennuie souvent. Sa mère lui dit : « Tu n'as qu'à dessiner ! » Il commence donc à dessiner, et comme le papier est rare à cette époque, il se sert des papiers d'emballage. Il aime particulièrement le papier sulfurisé qu'il utilise comme du papier calque. Plus tard, il s'intéresse à la peinture grâce à un ami qui reproduit des cartes postales. Tant et si bien qu'à quinze ans, Rémy voudrait s'inscrit à des cours de dessin mais sa mère déclare que ce n'est pas un métier.

Alors, il entre dans un centre d'apprentissage pour étudier la mécanique, un secteur porteur à l'époque. C'est ainsi, qu'après son service militaire, il arrive à limoges pour travailler à la SAVIEM.

1968 fait des ouvriers des « guerilleros en bleu de travail. » Cet esprit de contestation les rapproche des étudiants qui souhaitent eux aussi faire bouger les choses. Grâce à ce rapprochement entre intellectuels et ouvriers, Rémy Pénard peut rentrer un peu à l'école des Beaux-Arts. Puis il crée au sein de la SAVIEM un Comité d'Entreprise qui traite de la culture : il organise des expositions, des rencontres de poésie...

En 1972, il commence les envois postaux. C'est une amie qui lui apprend que cette pratique porte un nom : « l'art postal ». Dans les années 1980, la culture s'officialise et l'art devient une marchandise. Rémy Pénard qui n'est pas dans cet état d'esprit développe ses échanges avec les mails artistes et entre vraiment dans ce réseau. Il participe à mille deux cents « mails arts shows ». Petit à petit, sans en avoir conscience, il acquiert une notoriété. Depuis 2003, il est régulièrement invité à la biennale de Venise. Il a également participé à de nombreuses manifestations dans différents pays d'Europe ou d'Amérique latine.

En conclusion, il déclare : « Mon objectif a toujours été de travailler, car cela me permettait de m'exprimer. »

Ensuite, l'artiste a présenté un historique de l'art postal depuis la Révolution française en illustrant son propos d'un diaporama : lettres, enveloppes, timbres et tampons... Tout ce qui est expédié par la poste.

Au départ, ce sont des lettres illustrées, dans lesquelles l'images et les mots se mélangent. Les auteurs témoignent ainsi de leur voyage à une époque où la carte postale n'existait pas.

Ensuite, parallèlement à l'évolution des supports, les artistes s'en emparent, souvent dans un esprit subversif. La fabrication de tampon est par exemple interdite dans les pays totalitaires car les autorités craignent la fabrication de faux documents. De même créer des timbres non-officiels présente un caractère transgressif. Les artistes du mouvement dada ont pris part à ces échanges.

Pendant la guerre froide, la censure exercée par les régimes totalitaires à l'est ou dans les pays d'Amérique du sud a rendu plus difficile la communication entre les artistes. Cependant de nombreuses informations ont pu circuler de cette façon car beaucoup d'artistes étaient liés à la résistance, par exemple à Solidarnosc.

Cependant, depuis les années 2000, cette pratique est en déclin car les réseaux de communication se trouvent maintenant sur internet.

Enfin, Rémy Pénard a montré quelques uns de ces travaux. Certaines de ces oeuvres sont également accrochées au CDI . Rémy Pénard a accepté de nous les prêter de nouveau au mois de janvier pour prolonger cet échange.

Les jeunes se sont montrés très attentifs car ils ont beaucoup apprécié ce moment. Ils ont notamment aimé découvrir une forme d'art dont ils n'avaient jamais entendu parlé auparavant. Ils auront l'occasion d'approfondir leur connaissance à ce sujet car pour remercier Remy Pénard de sa venue, les élèves de la section production imprimée vont éditer certains de ses travaux.

La rencontre s'est d'ailleurs terminée autour d'une tasse de café par une conversation très technique entre les enseignants des productions graphiques et Rémy Pénard...