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7 avril 2016

La France - 5ème Puissance dans le monde et dans l’Europe en particulier Un bilan à l’aube de l’an 2016 !

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La moyenne, des idées reçues actuelles, voudrait que les opinions convergent vers quelques clichés qui présentent les Français, au sens le plus exhaustif du terme c’est-à-dire femmes et hommes, adultes et jeunes qui habitent le territoire national, comparés aux habitants d’autres pays dans le monde généralement occidental, comme étant :

  1. Des Assistés
  2. Des Paresseux
  3. Prompts aux dépenses
  4. Contre -Entreprises

Au début de l’année 2015, seuls 29% des nos compatriotes se déclaraient optimistes en pensant à leur avenir et à celui de leurs enfants. Il s’agissait du niveau le plus bas atteint depuis une vingtaine d’années que l’IFOP [Institut Français d’Opinion Publique] pose cette question deux fois par an.

 A la fin de l’année 2014, 86% des Français interrogés par le Pew Research Center, un centre de recherche américain qui se définit comme non partisan et qui fournit des statistiques et des informations sociales sous forme de démographie, sondage d’opinion et analyse de contenu,  pensaient aussi que la prochaine génération s’en sortirait moins bien que l’actuelle.[© www.pewglobal.org]

On s’aperçoit qu’il s’agit d’un record absolu parmi les 44 pays, à fort développement ou non, où cette question a été posée. On y voit les japonais, avec les souvenirs récents de Fukushima, seconds sur le podium du pessimisme avec 79%, se situaient loin dernière nous et nos voisins grecs, membres de l’UE étaient 65% à verser dans le pessimisme.

Ce mal-être chronique se traduit notamment par une course effrénée derrière des « Modèles » étrangers que nos faiseurs d’opinion nous proposent obligatoirement de copier.

 Ainsi, entre les scandinaves, les néerlandais, les anglo-saxons, les allemands… A tel point que l’on ne sait plus donner de la voix et de la tête, tant la mode change rapidement dans cette spirale de la globalisation.

De l’intérieur, il semble que la réussite et l’innovation sont toujours ailleurs.

J’ai la faiblesse de m’inscrire en faux, sans nier aucunement les difficultés, nombreuses et réelles que traverse notre pays, ce point de vue pessimiste est largement erroné.

A l’évidence, la France ne s’en sort pas plus mal que les autres. Et pour l’avenir, elle dispose d’atouts non négligeables.

Dans l’objectivité, je vous invite à démonter, au nom du principe de la réalité, quelques unes des idées reçues les plus fréquemment énoncées à propos de nos innombrables turpitudes commises sous les filtres de nos analystes et experts.

L’avenir sombre que perçoivent les Français n’est pas définitivement écrit. Même si nous devrons continuer à faire face,  comme les autres êtres humains aux perturbations de la planète comme les cyclones, les tempêtes, les fortes inondations, les tremblements de terre, la sècheresse, les incendies etc…

Mais pour sortir de notre déprime collective, encore faut-il que nous  fassions le deuil de notre passé, fantasmé et définitivement révolu, de « Grande Puissance » d’avant la mondialisation.

Si nous, habitants de l’Hexagone, avons dans notre ensemble une perception souvent négative de notre futur, cela n’est-il pas lié quelque part au sentiment d’un déclin rapide de la puissance économique et politique de notre pays. Ce qui a pour aboutissement l’idée selon laquelle cette tendance pourrait entraîner la remise en cause du modèle social. Ce modèle qui reste la clé de voûte de la République.

Le constat ne laisse aucun doute, le poids de la France dans un monde globalisé, celui du GATT [General Agreement on Tariffs and Trade : Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce], du D-8 [Developping 8 qui regroupe depuis le 15 juin 1997 les 8 plus grands pays musulmans du monde (répartis en Méditerranée, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie) dont la puissance à la fois démographique = 900 millions = 14% de la population mondiale et énergétique à on peut citer [la Turquie – le Bangladesh – l’Egypte – l’Indonésie – l’Iran – la Malaisie – le Nigéria – le Pakistan], de l’Uruguay Round et Tokyo Round [dans l’accord général sur les tarifs douaniers et de commerce = GATT]. Mais ce poids a nettement reculé au cours des dernières décennies et la perspective ne donne aucun espace qui permette d’envisager une inversion de la tendance dans un proche délai.

Cela dit, le fait que la France ne soit plus perçue comme une grande puissance par certains, n’implique pas que nous soyons condamnés à nous porter mal.

Après tout, cela fait plusieurs siècles aujourd’hui que les Vikings n’ont plus fait parler d’eux au-delà de la baltique mais pour autant cela n’empêche pas nos experts de nous citer très régulièrement les Scandinaves, qui occupent actuellement l’espace géographique où évoluaient les Vikings, comme modèle à suivre.

Venons en aux stéréotypes dont on nous accable :

1. Les Français sont des assistés :

Notre pays est sans nul doute un des pays développés où les dépenses publiques représentent une part non négligeable de la richesse produite. Cela signifie-t-il que les Français sont d’incorrigibles assistés comme tant de médias et les faiseurs d’opinion s’évertuent de l’affirmer ?

Ces dépenses publiques recouvrent plusieurs réalités très différentes. Elles servent tout d’abord à faire fonctionner l’appareil d’Etat. Mais contrairement à ce que beaucoup de nos compatriotes Français imaginent, celui-ci (l’Etat) – y compris en intégrant les collectivités territoriales  {Régions – Départements – Communes – Agglomérations} n’est pas d’une taille particulièrement imposante en France.

Force est de constater que son fonctionnement mobilise nettement moins de ressources que dans les pays scandinaves et autant que dans les pays anglo-saxons {Royaume Uni et Etats-Unis}.

Son action consiste pour une part essentielle en des fonctions régaliennes {police, justice, défense,….} qui n’ont pas pour effet d’assister uniquement les pauvres.

Quant au système éducatif, qui mobilise le plus d’agents publics aujourd’hui, il est, à l’échelle internationale, un de ceux qui reproduisent le plus les inégalités sociales de départ, selon l’enquête Pisa de l’OCDE.

Autrement dit, ce système profite au moins autant aux riches qu’aux pauvres, via notamment les coûteuses filières d’excellence et les classes préparatoires aux grandes écoles d’ingénieurs.

L’autre partie des dépenses publiques est celle qui est prélevée, d’un côté, sous forme d’impôts ou cotisations sociales, pour être immédiatement redistribuée, de l’autre, sous forme de subventions ou de prestation sociales.

Cela dit, une portion de cette redistribution profite, pour une part non négligeable, aux entreprises sous la forme notamment du Crédit d’Impôt Recherche (le CIR a représenté plus de cinq milliards d’Euros en 2015 = 5 300 000 000 €) ou bien sous la forme d’un Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (CICE) ce qui représente à terme  20 Milliards d’Euros par an.

Par ailleurs, il nous faut compter les exonérations de cotisations sociales sur les bas salaires c’est-à-dire 20 Milliards d’Euros par an, auxquels devraient s’ajouter les subventions diverses pour s’installer par exemple dans les zones dites « désindustrialisées » et les zones urbaines sensibles.

Lorsqu’on explore un peu plus loin, on s’aperçoit que les ménages les plus aisés bénéficient de fameuses niches fiscales qui leur permettent de réduire leur imposition.

A titre d’exemple, on compte 2 Milliard d’Euros économisés avec l’emploi de salariés à domicile.

Il faut reconnaître que le plus gros morceau est formé des prestations versées par un système social plus développé que dans la plupart des autres pays.

En observant en profondeur, on remarque qu’une part essentielle de ces dépenses n’a cependant qu’un effet de redistribution assez modéré.

On y voit par exemple que les retraites sont, en gros, proportionnelles aux revenus d’activité, de même que les indemnités chômage.

On accuse souvent l’assurance chômage française d’être trop généreuse. Il faut lui reconnaître de l’être plus que dans d’autres pays mais cependant cette assurance chômage est deux fois moins qu’au Danemark ou aux Pays-Bas dont très souvent les spécialistes nous vantent les mérites de la flexibilité qui serait corrélée  à la sécurité de l’emploi. Je m’interroge.

Quant à l’assurance maladie, souvent pointée du doigt, puisqu’elle permet de couvrir les soins des pauvres, sa réduction n’exposerait-elle pas les autres citoyens à plus de maladies?

Existerait-il un lien entre le fait que les Américains, qui vivent dans un pays où l’assurance maladie publique est nettement moins répandue qu’en France, meurent en moyenne 4 ans plus tôt que les Français ?

Pour autant, les assurances privées leur coûtent aussi beaucoup plus cher dans la mesure où les dépenses de santé représentaient, en 2012, 16,9% du Produit Intérieur Brut (PIB) américain contre 11,6% en France.

Venons en au RSA (Revenu de Solidarité Active), qui fait partie des mesures d’assistance aux pauvres et dont le niveau représente pour une personne seule la moitié du seuil de pauvreté.

Ce revenu pèse 10 Milliards d’Euros par an soit 0,5% point de PIB. Que dire alors? Fantasmes ou réalités ?

Selon les données d’Eurostat, l’ensemble des dépenses publiques que notre pays consacre à la lutte contre l’exclusion représente 1% du PIB.

Quant à la fraude au RSA, qui n’est pas justifiable en soit, et plus généralement la fraude aux prestations sociales, qui nourrissent beaucoup de débats, elle doit être combattue sans faiblesse.

Cette lutte assurerait la légitimité du système social et permettrait qu’il devienne plus efficace pour continuer à aider les plus pauvres.

Il convient de remarquer que le niveau de cette fraude condamnable avec vigueur reste sans commune mesure avec l’évasion fiscale des très riches ainsi que la fraude aux cotisations sociales ou à la TVA que pratique à grande échelle certains d’employeurs dans les gros groupes globalisés.

2.  Les Français sont paresseux :

On entend souvent : « Ne cherchez pas à joindre un salarié Français au mois d’août, ni pendant les innombrables ponts du mois de Mai. Entre les jours fériés, les RTT (Réduction du Temps de Travail), les arrêts maladie et les départs précoces à la retraite … ». Nous  serions ainsi les champions de la paresse.

Les faits sont têtus, puisque la réalité montre qu’il n’en est rien de cette réputation faussement orchestrée. Les statistiques qui ne prennent pas en compte les salariés à temps partiels dans le monde ont tendance à nous reléguer en queue de peloton.

Selon Eurostat 2014, les Français employés à temps plein travaillent environ 38,8h en moyenne annuelle hebdomadaire alors que les Britanniques (41,3h), les Allemands (41,4) et les Espagnols (40,7h).

Mais si l’on prend en compte les temps partiels, la projection change profondément puisqu’avec 22,1h par semaine en moyenne, les temps partiels en France sont à la fois plus longs et moins fréquents que chez la plupart de pays européens dans la mesure où la moyenne de l’UE (Union Européenne) est de 20,1h / semaine.

Du coup la France travaille 35,7h par semaine, plus que l’Allemagne (35,3h), les Britanniques (35,6h) sans oublier les Néerlandais à 31,6h.

Sur le plan de l’économie réelle, c’est bien cette moyenne globale qui compte sauf à nier l’existence des travailleurs à temps partiel.

Par ailleurs, la moyenne des idées reçues pointe la faible durée du travail sur l’ensemble de la vie comme inférieure à celles de nos voisins européens.

La réalité est que nous travaillons en moyenne 34,6 années juste en dessous de la moyenne européenne qui est de 35 années contre 37,5 années pour les Allemands, 38,1 pour les Britanniques mais aussi 30 ans pour les Italiens.

En France, comme vous le savez, cette donne change rapidement sous l’effet des réformes successives des retraites. L’âge de départ moyen ne cesse de reculer : 61,4 ans en 2010 à 62,3 ans en 2014 (source CNAV : la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse  / CNAVPL : pour les Professions Libérales). N’oublions pas en passant la MSA (Mutuelle Sociale Agricole) et le RSI (Régime Social des Indépendants). 

Cela dit, cette supposée paresse ne nous empêche pas, en tout cas, de figurer parmi les plus productifs au monde. Selon les sources d’Eurostat, nous produisons en moyenne 46,50€ de richesse par heure de travail contre 39,20€ pour les Britanniques et 44,80€ pour les Allemands.

Il est aussi souvent dit :« Non seulement les Français n’aligneraient pas suffisamment d’heures de travail, mais ils feraient la fine bouche et n’accepteraient ni déclassement, ni petits boulots, ni contrats temporaires… attendant à la maison, quand ils en ont une, la fin de leurs généreuses indemnités de Pôle Emploi ».

C’est malheureusement faux, à moins de tout focaliser sur une minorité des situations.

Nous sommes encore loin de l’explosion des emplois d’auto-entrepreneurs britanniques ou espagnols qui ont émergés depuis la crise de 2008 mais nous en comptions 984 000 à la fin du mois de mai 2014 en France selon les données de l’ACOSS (Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale) avec pour environ 35% d’eux déclarant 1000€ de revenu mensuel. Nos compatriotes courent aussi les agences d’Intérim, premier recruteur de France avec 520 000 intérimaires en ETP (Equivalents Temps Plein) en 2014.

3. Les Français dépensent sans compter :

En plus d’être paresseux et assistés, les Français seraient aussi des cigales qui vivent au-dessus de leurs moyens.

Du point de vue de l’épargne et de façon macroscopique, les Français sont au contraire des champions de l’épargne. En 2014, ils mettaient en moyenne 15% de leurs revenus. Au sein de la zone Euro et pays développés, seuls les Allemands sont encore un peu plus fourmis que nous avec 17%. Les vraies cigales sont vraisemblablement les Britanniques 6% et les Américains 10%, même si leurs taux d’épargne se sont redressés depuis la crise économique.

Cela dit, cette moyenne recouvre bien sûr des situations très diverses dans la mesure où les capacités d’épargne sont très inégalement réparties. On voit bien que les chômeurs, les smicards et certaines catégories dites moyennes, ne peuvent en règle générale rien mettre de côté.

En 2014, la même logique était transposable en matière de patrimoine où la moyenne en France est de 244 000€ par adulte devant les Allemands 211 000€ et les Britanniques 225 000€. 

Il faut cependant nuancer ces données avec le fait que selon l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques), les 10% des Français les plus riches possèdent presque 50% du total des patrimoines des ménages tandis que les 50% les plus pauvres n’en détiennent que 7%.

4. Les Français n’aiment pas l’Entreprise :

 Depuis le lancement des pôles de compétitivité jusqu’à la création de la BPI (Banque Publique d’Investissement), en passant par le renforcement du CIR (Crédit Impôt Recherche), notre pays affiche une priorité à l’innovation depuis au moins dix ans.  Si l’efficacité de certains de ces dispositifs peut faire débat, ceux-ci ont permis globalement de doter la création de start-up. On étend des critiques mais la France n’a certes pas donné le jour aux grands du numérique comme Google mais elle est loin d’être un désert numérique. On peut citer : Dailymotion, Criteo, Deezer, BlaBlaCar, Sigfox, Vente-Privée etc… Par exemple l’île de France abrite 12 000 star-up, c’est plus que Londres ou Berlin sans oublier notre Limousin tant décrié qui a été, avec Ester Technopole, bien innovante avant d’autres. Mais nous communiquons souvent mal car très peu d’habitants du Limousin connaissent ces innovations avant-gardistes.

Cependant, si la France est un terreau plus fertile aux jeunes pousses qu’on ne le croit, leur montée en puissance future est souvent plus compliquée lorsqu’il s’agit de trouver les financements pour atteindre la taille nécessaire à l’échelle européenne voire mondiale.

Nos compatriotes créent des entreprises, ils sont loin d’être amollis par leurs RTT, comme le proclament quelques essayistes, faiseurs d’opinion que je juge trop pessimistes.

Dans une enquête internationale conduite par l’institut ‘Word Values Survey’ les Français sont parmi ceux qui, au monde accordent le plus d’importance au travail, plus encore que les Allemands et les Japonais, réputés pourtant champions de l’industrie ou que les Américains, champions de l’entreprenariat.

Ce clin d’œil montre que les Français figurent parmi les salariés les plus productifs dans le monde.

Par contre sur le plan managérial, il y a un contraste du fait des tensions qui règnent dans les relations sociales au sein de certaines entreprises. Ce que l’économiste Thomas PHILIPPON qualifie de « capitalisme d’héritiers » où ce mode de management privilégie la reproduction sociale des élites au détriment de la créativité et de la compétence.

Est-ce pour échapper à cette tradition étouffante que tant de Français créent aujourd’hui des start-up ? La question reste posée. 

Un petit mot sur le chômage :

Le taux de naissance, largement égal à deux et surtout supérieur à celui de nos voisins allemands, doit nous inviter à plus de modération lorsque l’on compare les deux pays. Puisque tout compte fait pour 100 emplois identiques créés dans les deux pays à l’occasion du départ à la retraite de 100 personnes, il est mathématiquement évident que l’Allemagne qui propose 60 jeunes sur le marché de l’emploi résorbe plus le chômage que la France qui en présente 150.

 

Joseph MAKUTU, Proviseur Lycée Maryse Bastié

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